Edouard Helm – Le vent se lève.

- Compétent, éloquent, individualiste, condescendant, créatif, observateur,
fantasque, changeant, abrupt, tenace, méfiant, menteur, efficace, gourmand, méticuleux, attentif, frivole, calculateur, insatiable, mauvais, discret, secret, passionné, drôle, serein, nomade, jaloux, inconstant, déloyal, stratège, tricheur.

- Il apprécie peu les fées et leurs préceptes, ne s’y reconnait pas, autant par héritage familiale que par conviction personnelle (mais où s’arrête l’un et commence l’autre après tout). De cette guerre infâme qui a décimé une partie des siens et expédiés tant d’autres derrière des barreaux enchantés, il ne reste que des cendres et une soif de revanche indicible. C’est son père qui l’a principalement formé à l’histoire de Domino, c’est sa mère qui lui a appris à maitriser son Art. Il n’a jamais été question d’être autre chose que le produit de son sang. Sorcier il est né, sorcier il restera.

- L’effet est pervers, pour que la lumière brille, les ténèbres doivent être complètes. Il la trouve bien faible cette prétendue bonté qui scintille sous les remparts entachés de Magix. A force de ne pas vouloir accepter leur part d’ombre, les fées se fourvoient songe-t-il, aussi faut-il bien y pallier à cette absence d’obscur accablante, jusqu’à verser - de force s’il le faut- le liquide noir de leurs tristes désirs enfouis sur leurs ailes irisées.

- La génétique lui joue des tours : il possède ce que l’on nomme communément des yeux sanpaku, le blanc trop visible sous l’iris grésillant. Cela lui donne un regard troublant qui attire mais qui repousse également. Il perçoit toujours dans un amusement serein, cette fatale seconde où son interlocuteur le regarde avec un dégout qui s’estompe ou s’accroit selon les inclinations intimes.

- Il est fils unique et en remercie silencieusement ses parents. Ces derniers ont pensé – à juste titre – que pour des sorciers, les fratries trop nombreuses n’étaient pas ce qu’il y avait de plus malin.  Après la guerre, les Helm se sont spécialisés dans les artefacts et autres antiquités féeriques. Ils n’ont plus droit d’accéder à de hauts rangs au sein du monde magique, le bannissement explicite impliquant fatalement qu’ils n’y sont pas les bienvenues, les gloires – trop sombres – passées en éclipse sur leurs carrières. Leurs expertises restent néanmoins recherchées.

- Fort heureusement pour eux, l’hypocrisie de la société magixienne a un gout de miel amer et il n’est pas rare de voir certaines familles de fées s’enorgueillir du souffre qui les entoure en les invitant ici et là aux mondanités.

- Edouard se déplace dans un mouvement sinueux. C’est dû à son rapport à l’espace. Électrique et familier, l’air le nappe dans un cocon arachnéen qui le rassure et l’étreint d’une poigne légère. On ne l’entend généralement pas lorsqu’il se déplace.

- Il a grandi dans une famille peu démonstrative dans ses gestes. On ne l’a pas souvent pris dans ses bras, on ne l’a pas beaucoup embrassé – certes - mais on l’a aimé tout de même, éduqué et nourrit. S’ensuit une certaine placidité sournoise chez lui qui n’est pas consciente réellement et qui n’est jamais perçu comme négative. Sa façon d’apprécier est différente et passe généralement plus par des attentions ou par le regard que par des câlins ou autres mots sucrés dont il n’a pas la moindre idée.

- Peu enclin aux sentiments de quelque nature qu’ils soient, Edouard décrypte ses réactions et celles d’autrui avant d’agir. Il sait se montrer sociable mais la chose peut l’épuiser assez rapidement. Il ne comprend même pas comment les empathes ou autres porteurs de télékinésie font et a tendance à s’en méfier (plus encore que les autres vu qu’il se méfie de toute manière de tout le monde).

- Il a un rapport quasi maladif au corps : enfant chétif, malingre, l’air lui vrillant par défaut des poumons incapable de se discipliner, Edouard s’est aguerri par le biais de la course à pied et de l’escalade qu’il pratique religieusement. Il arrive encore parfois que le souffle s’emballe, qu’il perde les pédales, que l’air – son air – ne lui échappe. Il maudit le ciel et tous ses composants lorsque cela arrive.

- Il possède de mauvaises habitudes qui trahissent une nervosité blafarde derrière la sérénité trop intense qu’il affiche : il fume, boit à l’occasion et écoute de la musique trop forte au niveau de ses écouteurs. Et s’il s’épuise le corps, c’est pour mieux se fondre dans des rêves qui le fuient.

- Il n’a fondamentalement confiance en personne, le tracé solitaire sous ses pas consciencieux.

- Enfant, il avait le bec sucré, se délectait des friandises volées dans la cuisine odorante. Il n’aime pas l’admettre mais aujourd’hui encore une pâtisserie le mettra dans de bien meilleures dispositions que n’importe quel discours passionné.

- Edouard est une catastrophe émérite aux jeux d’équipe. Volontiers tricheur, la provocation gratuite et mauvaise au bord des lèvres, il s’est rarement risqué sur ce genre de terrain, sachant déjà quels abîmes il allait placer par simple amusement sous les pieds de ses « collègues » de sport.
Les jeux d'équipe sont un souvenir dorénavant mais l'attitude perdure quand il est en tandem.

- Il a une voix qui tire sur les graves, le vibrato en velours. Cela n’a pas été sans mal et sa mue a été un moment des plus pénibles de sa courte existence. Peut-être le seul sujet qui le met encore visiblement mal à l’aise.

- Le tonnerre gronde dans son esprit et les idées crépitent comme des satellites, des lasers argentés rayonnent de ses yeux de cristal, tout cela devient trop furieux et, quand le monde se fait trop lent, il se drape d’orage.

- Il est poli dans ses manières, toujours - jusqu’à mettre mal à l’aise s’il le faut (ou peut-être pour cette raison, qui sait). Il ne l'est néanmoins pas vraiment dans son phrasé. Le vocabulaire est en girouette, le vent change selon l'humeur, les paroles aussi. Il use et abuse d'un vocabulaire suintant la naphtaline, emploie des expressions volontiers désuètes qui imprime des tressaillements sur les sourcils de ses interlocuteurs. Il peut aussi employer des mots crasses subitement, parant ses idées d'une vulgarité volontaire, un soupçon de défi gratuit aux lèvres. Le vent tourne, la langue avec. L’agacement provoqué par ce biais le fait généralement sourire.

- Ce sont les fées de Terre qui lui posent le plus de soucis. Élément opposé, tout chez eux est solide, confortable, ancré dans la terre, la végétation et ses roches. Ce type de fées offusquent l’essence même de sa nature aérienne, immatérielle et le zéphyr indécrottable qui ondule sous lui.

- Il possède une longue cicatrice au niveau de sa hanche gauche dû à une chute en montagne à l’aube de ses treize ans. Il en a gardé le souvenir d’un vertige insaisissable. Encore aujourd’hui, il aime à regarder les tréfonds des précipices.

- Il rit souvent. Cela semble toujours étonner les gens autour de lui mais il a l’humour facile et parfois un peu douteux – tout du moins quand il s’en donne la peine.

- Edouard est le portrait craché de son père au même âge, on le lui répète souvent. Il le vit très bien.

- Il a toujours un paquet de chewing-gum à la chlorophylle sur lui qu'il gobe ici et là quand l'envie lui prend. Parfois sa mâchoire l'élance mais il aime le gout qui se fige sur ses dents quand il croque les dragées.

- Les nuits sont longues et il dort peu. S’il a des aventures, il les tait toujours, la discrétion en étendard ombrageux. C’est qu’on se perd dans ses bras. La légèreté de ses doigts a quelque chose d’abominablement écrasant, comme un courant électrique qui vous transperce les nerfs et qui s’éloigne en ne laissant que les ricochets d’une douleur aussi merveilleuse qu’inattendue.